Ce Rondo Allegro est le premier d'une série de duos pour saxophones de même tonalité sous forme de Rondos publiés en 1881 par Evette et Schaeffer. La partition indique une vitesse métronomique de MM=66 , ce qui semble un peu incompatible avec la notion d' Allegro, sauf si on l'envisage sous l'angle de la gaîté. Une version sur instruments modernes pourrait s'envisager plus vite, mais sans excès (MM = 100 plutôt que 120). 

Le si b grave ne figure encore qu'en option sur de très rare modèles de saxophones au moment de l'édition de la partition : c’est pour quoi il est toujours proposé avec un a-défaut à l’octave. Il est toutefois naturel sur ceux d'aujourd'hui. 

Sur l'édition originale de cette partition, les nuances sont fréquemment portées sur les temps, alors que chaque phrase commence en anacrouse. Par exemple, le p initial figure sur la 2° note. Il semble naturel de conserver la même nuance pour chaque fragment de phrase : c'est ce qui est proposé ici.

Peu d'articulations notées sur l'édition originale : elles semblent servir d'indication de jeu, mais ne sont pas reproduites (ex : point sur la 1° croche de mes 47, mais pas 48).

La pièce a été publiée en parties séparées uniquement : on peut penser que ceci explique les incohérences de notations (nuances, liaisons, articulations entre les 2 voix).  Chaque fois que c'était possible, nous avons tenté d'homogénéiser la notation des 2 voix, ainsi que les reprises inversées.

Louis-Adolphe Mayeur (1837-1894)

Né à Ménin (Belgique) le 25 mars 1837. Fils d'Adolphe Firmin Joseph Mayeur, professeur de musique, et de Sophie Apolonia van Swieten. Il épouse Augustine Ganneron le 2 mars 1867. Il est décédé à Cannes le 16 septembre 1894 à l'âge de 57 ans.

Clarinettiste, 1° prix du Conservatoire dans la classe de Klosé en 1860, chef d'orchestre et compositeur, Fétis le décrit comme "l'un des plus habiles virtuoses sur le saxophone qui existent à Paris. Il a beaucoup fait pour la propagation de cet instrument, qu'il joue à l'orchestre de l'Opéra, ainsi que la clarinette." Après avoir été Sous-chef de Musique aux Cuirassiers de la Garde impériale, il devient le chef d'orchestre des concerts d'été du Jardin d'Acclimatation, de la Fanfare du Bon Marché et du Bal Mabille.

Il est l'auteur d'un opéra comique "Bluette" et de Ballets : "Une Dragonnade", "Sous la feuillée", "Amarillo", "Bonne Aventure". Mais sa production éditée comprend surtout de nombreuses œuvres pour saxophone avec piano ou en ensembles,  de multiples transcriptions et des paraphrases d'opéras. Fantaisies, Souvenirs, Sélections, Récréations... Il écrit aussi quelques fantaisies pour clarinette, et de nombreuses danses pour piano, des pièces isolées pour violon, chant, flûte ... Egalement un certain nombre de pièces pour orchestre, souvent de caractère militaire ou de danse. On lui doit aussi une très bonne "Méthode Complète de Saxophone" encore en usage aujourd'hui.

Un temps protégé de Sax (dont il fut certainement l'élève au saxophone, outre Klosé), il se produit sur l'instigation de ce dernier lors des nombreux concerts qu'il organise. La presse salue régulièrement ses talents d'interprète, tant au saxophone qu'à la clarinette basse. Sax édite les premières œuvres pour saxophone de Mayeur, mais plus tard, c'est son concurrent Evette et Schaeffer qui publiera l'essentiel de sa production.