Marche indienne
d’Adolphe Sellenik
La Marche Indienne d'Adolphe-Valentin Sellenik a connu un succès considérable et durable, puisqu'elle a été transcrite pour une foultitude d'instruments, et qu'elle est une des rares œuvres de ce compositeur fécond à être encore au répertoire de certains orchestres à vent soucieux de maintenir une tradition rattachée aux débuts de la Garde Républicaine.
Au départ écrite pour musique militaire, elle connaît donc des versions pour orchestre, fanfare simplifiée, piano à deux, quatre, six et même huit mains (!). Plusieurs transcriptions pour instrument et piano sont proposées par divers artistes : cornet (par le compositeur), clarinette (Klosé), violon (Ratez), flûte (Gariboldi), et même mandoline (Talamo), puis pour accordéon. C'est avec une version de cette œuvre présentée au concours d'instruments à vent de Denain que V. Marceau (Marceau Verschueren) obtient une médaille d'or inattendue en 1913, qui lance sa future carrière d'accordéoniste virtuose. Cette version pour saxophone s'inscrit donc dans une tradition établie par le compositeur lui-même.
La Marche indienne, écrite en "Hommage à Son Altesse Royale le Prince de Galles", est publiée par Goumas en 1878, puis par Frantz, Colombier, Ghéluve et surtout Leduc sous le numéro AL 6752, avec une très belle gravure de L. Denis, et Imprimé par A Chaimbaud à Paris. Elle connaîtra de nombreuses rééditions jusqu'en 1966, et sera souvent présentée alors comme "Célèbre Marche Indienne". La version pour orchestre de 1932 comporte un à-défaut d'André Petiot (le co-signataire chez Leduc du Concerto de Glazounov).
Si le caractère "indien" fait probablement plus référence à l'Armée des Indes Anglaise (ce qui n'a probablement pas manqué de toucher le dédicataire) qu'à la musique du sous-continent, cette œuvre servira néanmoins de modèle pendant de nombreuses années aux musiques de films dédiées à ce pays, avec un accompagnement typique évoquant la marche d'une caravane. Le 1° thème, légèrement arabisant, est en mineur, suivi d'un second en majeur, sorte de yodel orientalisant. Le Trio commence par une grande volute en triolets de doubles-croches, et il est ponctué par un thème de basse sur ostinato rythmique. Les éléments thématiques principaux sont souvent présentés dans une nuance douce et ponctués par des interventions "orchestrales" fortissimo.
Adolphe-Valentin Sellenik (1826-1893)
Compositeur et chef d'orchestre français, né le 3 septembre 1826 à Libourne et décédé le 25 septembre 1893 aux Andelys, fils d'un chef de fanfare d’origine autrichienne (son nom est parfois orthographié : Sellenick).
Après ses études à l'Ecole Municipale de Musique de Strasbourg, il est nommé premier violon à l'Opéra de Strasbourg, où il jouera également du cornet. En 1847, il crée la fanfare Sellenick, puis devient chef d'orchestre de la Garde nationale à Strasbourg.
En 1853, il dirige la Musique du Deuxième Régiment de Tirailleurs à Paris, et en 1873, succède à Paulus comme chef de l'orchestre de la Musique de la Garde Républicaine de 1873 à 1884. En 1887, il co-signe avec son successeur Gustave Wettge la version officielle de La Marseillaise, qui était devenue l'hymne national Français en 1879.
Deux rues portent son nom à Strasbourg et à Libourne, et un buste lui est dédié aux Andelys (bronze de Paul Ducuing inauguré par la Garde en 1892). Il était Chevalier de la Légion d'honneur .
Empêché de retourner en Alsace par l’annexion par l'Allemagne à la suite de la guerre de guerre de 1870, il se retire en Normandie, aux Andelys, où il termine ses jours. La fanfare qu’il avait fondée à Strasbourg fut dissoute par les autorités allemandes en 1887.
Compositions : Trois opéras-comiques : Crespin, rival de son maître, Les Diamants de la Diva et Le Florentin ; une Symphonie dramatique : Les Fiancés ; plusieurs pièces pour cornet à piston et piano, un quatuor de saxophones et plus de 60 pièces pour orchestre militaire (pas redoublés, marches, polkas, valses, boléros et allegros militaires ....) dont la célèbre Marche Indienne, qui a connu des dizaines de transcriptions.
Buste de Sellenik aux Andelys
Un petit fichier midi (c’est très laid, mais çà peut donner une idée générale ...)
«Sellenick (............) compositeur et chef de musique militaire, remplissait , il y a une vingtaine d’années, les fonctions de chef d’orchestre au théâtre de Strasbourg. Fils d’un chef de musique d’origine Styrienne, il naquit en cette ville vers 1820, et, fort jeune encore, apprit à jouer de plusieurs instruments, entre autres du violon et du cor. Devenu chef de musique au 2° régiment de voltigeurs de la garde impériale, il fit en cette qualité la campagne d’Italie et celle de 1870. M. Sellenick a écrit la musique de Crispin rival de son maître, opéra-comique en 2 actes dont le livret avait été tiré de la célèbre comédie de Lesage qui porte ce titre et qui fut représenté au Théâtre-Lyrique, le 1° septembre 1860. M. Sellenick s’est fait connaître aussi comme compositeur de musique militaire. Il remplit aujourd’hui les fonctions de chef de musique au régiment de la garde républicaine. M. Sellenick est chevallier de la Légion d’honneur.»
Fétis- Supplément 2