C-melody Conn
Ce saxophone n’est pas un alto mais un ténor en ut (autrement dit C-melody) fabriqué par Conn, avec un bocal sans col de cygne (et muni de la vis d’accord typique des instruments de cette période chez Conn).
Le tube de ce C-melody est très semblable à celui des autres marques américaines au début du siècle : assez proche d’une alto qui aurait été allongé.
Le C-melody a longtemps eu la réputation d’être un instrument conçu pour les amateurs : du fait qu’il n’était pas transpositeur, il permettait à son propriétaire d’accompagner les chants d’église ou de suivre la main gauche de la pianiste lors d’un petit concert chez soi ...
Cependant, comme on peut le voir, l’instrument est très bien «fini» : argenture parfaite, touches (et même rouleaux de grave et support de pouce) en nacre.
Le fabriquant n’a économisé que sur la finition ... et encore ! La gravure de ce modèle est assez simple, contrastant avec les délires graphiques des «artist models» dorés destinés aux musiciens professionnels.
Autre remarque : les cheminées roulées typiques de Conn ne concernent que le grave de l’instrument : la main gauche en est dépourvue.
La première image ci-dessus comporte la date et le numéro du brevet Conn (probablement celui de la série New Wonder, autrement appelé Chu Berry).
Le C de la ligne suivante indique qu’il s’agît d’un ténor en Ut. Le numéro de série de l’instrument (61328) le situe vers la fin de l’année 1920. Enfin, le L placé en-dessous certifie qu’il s’agît d’un modèle Low-pitch, autrement dit «accordé bas» à 440 Hz. Les modèles comportant un H sont en fait accordés à 450 Hz, ce qui les fait sonner presque 1/2 ton plus haut que les saxophones usuels, et les rend inutilisables dans les ensembles d’aujourd’hui.
Un élément à prendre en compte : l’étui de l’instrument a souvent plus de mal à franchir la barrière du temps que son contenu ... et cependant, ces saxophones, dont la fabrication a été stoppée par la crise de 1929, ne trouvent plus d’étuis à leur taille de nos jours ...
Cette vue de l’arrière de l’instrument nous montre encore quelques éléments intéressants : les clés de si et si b graves opposées sur le corps, le mi clair qui s’ouvre à l’arrière (condamné ici par un liège), les rouleaux de nacre entre les clés de grave. Rare pour un instrument de cet âge : pas le moindre coup ou bosse sur la culasse et le pavillon !