Soprano recourbé Conn
Ce saxophone argenté est un modèle de soprano recourbé fabriqué par Conn. Ce type d’instrument, assez courant aux USA au début du XX° siècle avait disparu pendant de longues années, avant de réapparaître chez Yanagisawa dans les années 1980. Probablement pour répondre à la demande croissante émanant de très jeunes élèves qui souhaitaient apprendre le saxophone. Car les classes des conservatoires ont vu peu à peu rajeunir leur «clientèle» et ont dû adapter leur pédagogie à ce nouvel état de fait. Par un autre choix de méthodes pédagogiques d’une part, faisant plus de place au ludique et à la musique au détriment de la technique pure. Puis en remettant en cause la tradition consistant à faire débuter les élèves exclusivement à l’alto, d’autre part.
Ces saxophones de petit format semblaient idéaux dans cette perspective, car leur ergonomie pour un enfant de 7 ans se rapprochait de celle d’un alto pour un adulte. Après le célèbre fabriquant Japonais, de nombreuses marques chinoises suivront. Seul point délicat : les cordelières restent encore trop longues pour ces élèves.
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MSBPBNB 8-
SWUCT NA
UNITY
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AND EDUCATION
FACTORY 34
S
25711
Le bec présenté ici est un Buescher blank dont j’ai demandé d’adapter l’ouverture à mes goûts personnels. On notera que cet instrument assez ancien n’est pas muni de touches de nacre, ce qui fait que l’argenture s’use aux points de contact des doigts. La courbure du bocal, peu prononcée incite à tenir l’instrument soulevé pour jouer (ou à pencher la tête). Les modèles Martin ou Buescher présentent une plus forte courbure, et sont donc utilisables comme les alti, en appui sur le corps.
On remarque la présence de la clé de trille de do (et plus haut du plateau de si b), du fa # de côté, des rouleaux entre mi b et do graves, les clés de Si et Sib placées de part et d’autre du pavillon. Détail amusant : le support de lyre (pour les défilés) se trouve sur le pavillon.
Vers l’arrière de l’instrument, le plateau de graves est aligné sur le corps, pas de correspondance avec le sol #. La clé de do # est placée en-dessous de celle du Si grave, et non entre les deux parties du tube comme sur les saxophones du XIX° siècle. Un alignement qui a peut-être donné l’idée de celui plus systématique Si b -Si - Do# de l’autre côté du tube sur les saxophones modernes ? On voit également la petite clé du «mi clair», fonctionnelle sur cet instrument.
Les mentions de fabrication sont assez peu lisibles, j’ai retranscrit ci-contre ce que je suis parvienu à voir.
L’autre photo permet de voir la clé d’octave automatique. On notera également la courbure des lièges sous les clés d’aigu, qui demandait probablement plus de travail qu’un liège plat. Le numéro de série permet de dater ce sax de 1913.
Il est de règle à cette époque d’aurifier (dorer) le pavillon des instruments argentés.
L’aménagement intérieur de l’étui est un peu rustique, mais sa robustesse lui a permis de franchir la barrière du temps sans encombre : on peut légitimement se demander quelle sera la tête des étuis actuels dans une centaine d’années...
Le voici encore, auprès de ses cousins le soprano droit en sib (Selmer Série III verni) et en Ut (Buescher argenté) ; et dans son autre famille, avec le Mezzo-soprano (Conn), l’alto (Buescher) et le C-melody (Conn).
Je n’ai malheureusement pas pu conserver ce bel instrument qui vient d’être vendu le 24 octobre 2015. Je lui souhaite une belle vie.