Salvatore Sciarrino : La Bocca, i piedi, il suono

Critiques de Presse

«Rituel silencieux pour 150 saxos»

Jacques Doucelin, Le Figaro, Mercredi 19 novembre 2003


Il fallait ignorer l’attachement maladif du compositeur italien Salvatore Sciarrino au minimalisme acoustique pour s’imaginer que les 154 saxophonistes convoqués par le Festival d’Automne sous la verrière de l’ancienne gare d’Orsay allaient déclencher un ouragan sonore !

Aucune des statues de marbre et de bronze qui dorment dans l’espace redessiné par Gae Aulenti n’a tremblé devant cette invasion barbare. Seuls les quatre solistes professionnels placés en carré au centre de l’espace se sont vraiment faits entendre. Les 150 jeunes encadrés par leurs professeurs des conservatoires d’Ile-de-France ont fait bouche et patte de velours pour parler comme Sciarrino dont l’œuvre de quarante-cinq minutes s’intitule «La bouche, les pieds, le son».

Après un quart d’heure où les quatres saxos solos jouent agréablement avec le dieu écho, l’armée des enfants prêtres, tout de noir vêtus, se met lentement en marche, à pas de loup, initiant un rituel mystérieux à peine troublé, de temps en temps, par un bruit de clef, un souffle dans l’instrument. Ils provoquent une manière de brouillard de sons, dont seul Xenakis eut le secret, sur lequel les quatre adultes piquent leurs interventions relayées par un système d’amplification.

Cette création relève du jeu, dans tous les sens du mot, dont le moindre mérite n’est pas d’avoir associé durant plusieurs semaines ces jeunes amateurs à un projet qui les a visiblement motivés ... même s’ils n’a guère contribué à évelopper leur technique musicale : ils ont eu l’illusion de jouer dans la cour des grands. Un peu à la manière du compositeur, dont l’autre hobby est d’imiter le bernard-l’hermite en empruntant le nom d’un collègue ou d’une œuvre plus célèbre que lui comme il en fera la démonstration, dès ce soir à 20 heures, dans la salle des fêtes du Musée d’Orsay avec de chants de Scarlatti, Gesualdo et autre Mozart transcrits pour quatuor de saxophones.


NB de XASAX : il semble que l’auteur (de la critique) ait confondus les micros de la prise de son télévisée avec un système d’amplification du son réservé aux solistes ...   ;o)

Concerts Sciarrino au Festival d’Automne à Paris, Musée d’Orsay 2003

Chroniques du Festival International d’Edimbourg


The mouth, the feet, the sound

Royal Bank Lates


Musique Salvatore Sciarrino (b. 1947-) La bocca, i piedi, il suono per 4 sassofoni contralti e 100 sassofoni in movimento: il cerchio tagliato dei suoni per 4 flauti solisti e 100 flauti migranti. [Composed in 1997]

Musiciens : Xasax Saxophone Quartet: Serge Bertocchi; Jean-Michel Goury; Pierre-Stéphane Meuge: Marcus Weiss + 150 other saxophonists

Lieu Museum Royal d’Ecosse

Addresse Chambers Street

Reviewer Pat Napier


Il y a un palais médiéval à l'extérieur d'une ville des Appenins au loin, aujourd'hui une galerie d'art moderne, où, sur la crête de la colline, se trouve un jardin de sculptures modernes. Un après-midi de septembre chaud, somnolent, pas une âme alentour à part soi, un endroit magique où être, entendre la brise chaude ébouriffer doucement les feuilles d'arbre, et le bruissement des pointes dures de l'herbe mourante en contemplant le mouvement subtil du soleil se déplaçant au-dessus des sculptures.

Pourquoi devrais-je en parler ? Parce que, dans l'environnement nocturne des énormes espaces, frais et spacieux du musée Victorien, aux côtés de centaines d'autres personnes, tous ces souvenirs ont resurgi, pour être ressentis à nouveau. Des sons et des sentiments que je n'avais pas su nommer étaient là, soudainement investis d'une nouvelle signification.


Mais quelle était cette musique puissante capable de réveiller des souvenirs aussi palpables de cette solitude remplie d'un soleil glorieux ?
La rarement exécutée "La bocca, i pieidi, il suono" de Sciarrino, (ou comme le précise le  programme du Festival "la bouche, les pieds, le son") et plus correctement, La bocca, i piedi, il suono per 4 sassofoni contralti e 100 sassofoni in movimento fut l'élément déclencheur de la plume  d'un homme aussi hanté par le son pur que l'était Morton Feldman la semaine dernière dans son œuvre pour orgue Principal sound.


Née d'une éducation musicale peu orthodoxe et "Hors du moule", une idée scandaleuse, fantastique, palpitante est venue à Salvatore Sciarrino : que diriez-vous de créer un événement totalement extravagant? Que diriez-vous, en réunissant un nombre époustouflant de joueurs, en leur trouvant un espace approprié, de laisser le son se déchirer ? Ou devrais-je dire onduler ? L'accent ne serait pas mis sur le bruit, mais, au contraire, sur celui d'arriver aussi près de la tranquillité et du silence qu'il était humainement possible - à une échelle énorme. Cette pièce n'est pas sa première, mais s'inscrit dans une idée thématique croissante. La nuit dernière c'était le tour des saxophones : quatre saxos alto, plus tard rejoints par 150 saxos de toutes sortes, dont les propriétaires les ont emmenés pour une ballade giratoire autour du hall principal du Musée. Jusqu'à ce qu'ils arrivent, il était possible de fermer les yeux et éprouver le son pur comme des ondes sonores se propageant dans l'énorme espace aérien, d'abord séparément puis lors d'étapes croissantes, alors que les quatre saxophonistes alto (placés de manière à former une grande 'caisse de résonance' centrale dans l'atrium) construisaient leur conversation minimaliste. Leur jeu poussait leurs instruments aux limites mêmes de leurs possibilités, tant dans l'émission du son que dans ses frontières techniques.

Les musiciens en mouvement créaient alors un autre souvenir puissant - de sons imaginés, à nouveau dans un environnement de plein air italien. Cette fois c'était un village abandonné, s'émiettant sur la pente de Montefeltro où un stage de scuplture avait eu lieu l'été et avait été fermé pour l'hiver, laissant plusieurs grandes œuvres à l'extérieur pour le plaisir et la contemplation des visiteurs ultérieurs.

De nouveau, le vent doux et les bruissements mais maintenant rejoints par les pas empoussiérés des villageois fantomatiques, morts de longue date, se parlant tranquillement l'un à l'autre.

Cette musique composée dans un esprit d'analyse profond, réfléchit sur le son et sa dispersion dans l'environnement, tissant des correspondances entre l'acoustique des sons et les émotions réveillées par leur impact sur l'esprit de l'auditeur, tandis que le corps évolue dans son environnement physique. Ce n'est pas une musique pour distraire le public. En effet, j'ai ensuite entendu plusieurs personnes faire ce genre de remarques : "je pouvais à peine me retenir de rire tout haut", "extrêmement décevant" ou "c'était une occasion manquée."  Mais si on leur demandait ce qu'ils avaient voulu dire et à quoi ils s'étaient attendu, ils répondaient  "je ne sais pas. Et je ne sais pas non plus à quoi je pouvais m'attendre, mais ...".


C'est une musique à laquelle il vaut mieux venir après avoir fait ses devoirs ; une musique méditative, contemplative. Une musique solitaire, introspective, qu'il vaudra mieux écouter seul. Une musique qui demande courage et inspiration pour être présentée au public. Une expérience à vivre une fois dans sa vie, sur laquelle on se retourne en demandant  "Vous y étiez  ? J'y étais - et ce fut inoubliable".


© Pat Napier 24 August 2004. Published on  Edimburghguide.com

http://www.concertclassic.com/journal/toute_actualite.asp


17 Novembre 2003 - Paris

Compte-rendu : Le silence diapré de Salvatore Sciarrino


A ma droite : Les Romains de la décadence de Thomas Couture ; à ma gauche un peu plus loin et légèrement dissimulé : l’Enterrement à Ornans de Gustave Courbet. Au centre, un carré de saxophonistes (les excellents membres de l’ensemble Xasax, Serge Bertocchi, Jean-Michel Goury, Pierre-Stéphane Meugé et Marcus Weiss) réparti dans l’imposante nef du musée d’Orsay conçue par Gae Aulenti. Au programme : La Bocca, i piedi, il suono (la bouche, les pieds, le son) de Salvatore Sciarrino.

La première partie de l’œuvre est fidèle à l’esprit du compositeur et témoigne de l’esthétique des extrêmes chère au sicilien. Vide et plein, lumière et obscurité, mur et horizon, illusion et réalité, pour reprendre les catégories énoncées par Sciarrino, se conjuguent harmonieusement. Le son est indissociablement lié à sa part d’ombre silencieuse : le compositeur parle dans son texte d’introduction d’une “magie acoustique” affleurant aux “limites du silence” - comme le temps à l’espace.

Puis peu à peu un murmure à la limite de l’indicible vient se heurter à cet équilibre précaire mis en place par le quatuor de saxophonistes, se superposer à lui pour mieux en souligner la portée. 150 saxophonistes (professeurs et élèves des conservatoires et écoles de musique) investissent dès lors l’espace public, se fondent dans l’auditoire, et déclinent sur un mode pianissimo des effets sonores d’une grande et volontaire simplicité qui à aucun moment ne feront écran.

La déambulation des saxophonistes n’est pas sans évoquer une procession funéraire, rappelant en cela les circonstances tragiques : aux dires du compositeur un accident “presque” mortel - dans lesquelles a été composée la fin de la partition. Or ce “presque” mortel est bien évidemment chez Sciarrino synonyme de vie de même que les “limites du silence” sont chez lui synonyme des frontières du son. Le silence “diapré” et envoûtant de La Boca, i piedi, il suono en constitue la preuve irréfutable. Mystérieux et solennel.

Erik Verhagen

Salvatore Sciarrino, La Bocca, i piedi, il suono, Paris, nef du musÈe díOrsay, le 17 novembre 2003



Martedì 18 Novembre 2003, 18:00


Yahoo! Notizie     Spettacolo    


Sciarrino au Musée d'Orsay

(ANSE, - PARIS, 18 NOV - Un "fleuve de sons et de personnes" a parcouru hier le Musée d'Orsay, choisi par le compositeur Sciarrino pour présenter son travail. Pour la première fois à Paris en effet "La bouche, les pieds, le son", une œuvre composée en 1997 pour 4 saxophones solistes et 150 saxophonistes 'en mouvement.' Le public, assis par terre entre les sculptures du musée, s'est retrouvé pris, comme Sciarrino le voulait, dans un univers musical tout d'abord construit autour de la voix des 4 sax solistes, puis envahi par un long cortège des 150 instrumentistes.

   


Marion pour le club Q []


LA BOCCA, I PIEDI, IL SUONO

  le lundi 17 novembre pour 5€

Salvatore Sciarrino présente un concert au dispositif original : quatre saxophonistes solistes (altos) sont placés autour du public librement répartis dans la nef du musée d'orsay.

Après une dizaine de minutes de musique jouée par le quatuor, 150 saxophonistes, qui étaient hors de la vue du public,

investissent peu à peu l'espace public, se mêlent aux spectateurs...

dépechez vous nous n'avons que 10 places



    http://www.journal-laterrasse.com/cl_agenda_04.htm

 

  

    Salvatore Sciarrino et les origines de l’avant-garde


Depuis 2000 et le large cycle que le Festival d’Automne lui a consacré, on a découvert en France le compositeur sicilien Salvatore Sciarrino et la portée de sa musique. En 2001 et 2002, puis à nouveau en ce mois de novembre 2003, le Festival d’Automne poursuit son travail de diffusion de cette œuvre née de l’imagination de ce fascinant musicien solitaire et autodidacte, à l’écart du monde et des modes. “ J’ai opposé ma musique à la banalité de mon histoire et de ma figure, écrit-il. J’ai fait de l’isolement un choix de méthode, j’ai délaissé la métropole pour l’ombre. Être un autodidacte, ne pas être sorti du conservatoire constitue pour moi un beau mérite. J’ai aussi fait carrière malgré moi… ”. Sa dernière livraison musicale s’appuie sur l’utilisation exclusive du saxophone. Deux concerts sont proposés au Musée d’Orsay : le premier dans la Nef le 17 novembre à 19h30 et 21h30 pour la création française de La Bocca, I Piedi, Il Suono conçu pour quatre saxophonistes solistes (l’ensemble Xsax) et 150 saxophonistes amateurs, le second le 19 à 20 h pour la création de trois pièces récentes écrites pour le même Xasax, ensemble modulable de saxophones fondé à Paris en 1991. Sur le thème des origines de l’avant-garde, le Musée d’Orsay enchaîne une programmation-fleuve au gré de laquelle on rencontrera d’indiscutables interprètes (le pianiste Alan Gampel, les violonistes Denis Goldfeld, Shlomo Mintz et Raphaël Oleg, le quatuor Psophos…) dans des œuvres de compositeurs qui ont contribué à bouleverser le cours de la création musicale au XXè siècle tels Debussy, Ives, Strauss, Webern ou Berg.


Le 17 novembre à 19h30 et 21h30, puis les 19, 20 et 27 novembre, les 2 et 4 décembre à 20 h, les 25 novembre et 9 et 16 décembre à 12h30 au Musée d’Orsay. Tél. 01 40 49 47 50.

Le Courrier (Genève)- Paru le : 16 mars 2002


L’oreille recollée, ou la réappropriation des sons

FESTIVAL • Dès aujourd'hui et jusqu'au 24 mars à Genève, le festival Archipel tentera de réconcilier musiques, bruits et sons, si souvent dissociés.


Anatomie des sons: la bouche et les pieds, aussi...

RENCONTRETrois concerts et une rencontre publique pour ce «révélateur» de la matière sonore qu’est Salvatore Sciarrino.

Avec La bocca, i piedi, il suono (1997), interprété dimanche 17 mars à 18, le ton est donné. L’univers musical du compositeur sicilien débarque à Genève dans un cliquètement de clefs de saxophones. Autour d’un quatuor de saxophonistes, ici l’ensemble Xasax, cent autres saxophonistes, chacun porteur de «petits sons», viennent se mêler au premier ensemble. A l’évidence, le son des instruments et des interprètes est partie intégrante de la musique.

Le même samedi, des Pagine du compositeur transcrites pour saxophones seront également jouées par l’ensemble Xasax. Un concert, le mardi 19 mars, permettra d’écouter plusieurs œuvres de sa musique de chambre avec l’ensemble Alter Ego. Sont programmées des compostions des années quatre-vingt, Le ragioni delle conchiglie, Spazio inverso, Trio n°2, et Sonata III pour piano ainsi que des musiques plus récentes dont l’Omaggio a Burri et une création intitulée Immagine Fenicia. Pour compléter le portrait qui lui est consacré, une rencontre publique avec le compositeur aura lieu le mardi 19 mars.


LE SILENCE EST D’OR

«Je suis ici et maintenant: qu’est-ce que j’entends? Toutes mes compositions viennent de cette question». Les œuvres de Sciarrino sont comme le réceptacle des sons clandestins, ceux qu’on entend même dans le silence d’une chambre vide où «notre respiration nous refuse encore le silence». Sciarrino saisit souvent l’ambiguïté entre une musique furtive, dépouillée, et l’exhibition des mécanismes produisant les sons. C’est le cas notamment avec La bocca mais aussi Omaggio a Burri.

C’est un travail qui s’attache à la matérialité du son plus qu’à la forme musicale. Le timbre, chez lui, n’est pas conçu comme une simple couleur sonore, mais détermine la structure même de la musique. Dans cette approche souvent décrite comme intimiste, Sciarrino interroge constamment les rapports entre son et silence, cherchant l’équilibre entre bruissements et éclats sonores.

Né en 1947 à Palerme, c’est en autodidacte qu’il a commencé à composer pour ne compléter qu’après coup sa formation. Il a lui-même enseigné à Florence, Milan et Pérouse: il donnera durant son séjour à Genève un cours dans la classe de composition au Conservatoire.   


MCi

Maison communale de Plainpalais: di 17 mars, concerts à 18h et à 20h30; ma 19 mars, rencontre publique présentée par Jacques Nicola, 19h et concert à 20h.

Saxophone, instrument du 3ème millénaire; cette journée réunira les classes de saxophone des quatre écoles principales de la région (Amiens / Saint-Quentin / Abbeville / Beauvais);

à l'Auditorium Henri Dutilleux, 3, rue Frédéric Petit à Amiens (80000), (tel : 03 22 91 57 83): Les Saxophonistes de la région,

- se produiront pour faire entendre leur vision de la modernité, sans distinction de style, et dans les contextes les plus variés;

- pourront visiter une exposition d'instruments, accessoires et partitions;

- pourront participer à des Master-Classes de quatre professeurs renommés:



*    Jean-Michel Goury, professeur au CNR de Boulogne-Billancourt,

*    Mareus Weiss, professeur à la Musikhochschule de Bale,

*    Pierre-Stéphane Menglié, professeur au Conservatoire de Lausanne,

*    Serge Bertocchi, professeur au CNR d'Amiens, qui sera l'hote et l'initiateur de cette journée.



Dimanche 25 mars 2001 à 18h30 au Musée de Picardie, 48 rue de la République à Amiens (80000), (tel: 03 22 91 36 44):

- en première partie, Concert par Xasax, ensemble de saxophone modulable formé de quatre musiciens qui joueront trois oeuvres récentes dont ils ont fait la création: Approaching the Arches of Corti de Elliott Sharp (rock), Equis de Bruno Giner (contemporain), et Mobile Herbarium de Barry Gury (jazz);

- la deuxième partie réunira Xasax et tous les participants à cette journée pour la création francaise de - La Bocca, i piedi, il suono - une oeuvre pour quatre saxophones solistes et 100 saxophonistes en mouvement de Salvatore Seivarrino; (ce compositeur italien, qui a été l'hote principal du Festival d'Automne à Paris a choisi cette formation gigantesque pour un pari osé: écrire une musique tout en douceur, qui permet de mettre chacun en valeur, ainsi que l'espace particulier du Musée de Picardie);(renseignements: Bruno Caudelle au CNR d'Amiens ou Serge Bertocchi sergebertocchi@yahoo.fr )

Xasax, Musée Royal, Edinbourg

Un sérieux coup :


Quelque chose de très étrange s'est passé au moment de la performance de l'Ensemble de Saxophone Xasax de "La Bocca, i Piedi, il Suono" du compositeur italien Salvatore Sciarrino.

Les quatre musiciens étaient placés aux quatre coins de l'atrium énorme du Musée Royal d'Édimbourg, alors qu'un public fort d'un millier de personnes était assis partout à même le sol, entre les aquariums et sur les rampes. Les sons émis par le quatuor étaient à l'exact opposé de tout ce qui est associé au répertoire conventionnel du saxophone : une brume de doux cliquetis et d'appels calmes remplaçant les notes identifiables, et créant une texture musicale mobile et indéfinissable.


Mais alors, d'un bout du hall, un bruit encore plus étrange commença à se propager, comme un torrent de gouttes de pluie ou une nuée d'oiseaux éloignés. C'était comme si le bâtiment lui-même répondait en vibrant en sympathie avec le quatuor de saxophones, répercutant et amplifiant ces sons minuscules qui envahissaient l'espace.

La raison de ce phénomène acoustique fut révélée dans un moment de magie théâtrale. Des douzaines de saxophonistes, précédemment cachés en coulisse, commencèrent une procession solennelle à travers l'espace, inondant le hall de leurs propres sons, une collection de soupirs et de souffles. Plus de 130 saxophonistes, tous intégralement  vêtus de noir, ont entamé un pèlerinage dans le musée en empruntant un parcours continu, circulaire autour du quatuor et du public.


Les saxophones ont envahi le hall de leurs sons et gestes doux jusqu'à la toute fin de la pièce, quand le quatuor a soudainement joué des notes fortes, répétées, faisant brusquement taire le choeur de saxophones.

La Bouche, les Pieds, le Son est une pièce surprenante, tant musicalement que théâtralement - plus une installation ou un environnement sonore qu'une exécution conventionnelle - mais l'interprétation de Xasax, avec des musiciens professionnels et amateurs venus de toute l'Écosse, fut  une expérience unique et séductrice.


Tom Service    Thursday August 26, 2004    The Guardian



Sat 19 Jun 2004     email articleMusic


Graeme Kay

Au train où vont les expériences de performances en direct, celle consistant à voir plus de 150 saxophonistes qui jouent tranquillement devant vous en chaussettes doit se classer comme une des plus bizarres. Mais c'est ce qui est en magasin pour les spectateurs du Festival ce 23 août, quand le Quatuor français Xasax exécutera la première britannique de "La Bouche, les Pieds, le Son", du compositeur italien d'avant-garde Salvatore Sciarrino - avec un peu d'aide fournie par une petite armée de recrues venues de partout en Écosse.

L'œuvre fascinante de 40 minutes de Sciarrino a été dernièrement exécutée en novembre 2003 au Musée d'Orsay à Paris, dans le cadre du Festival d'Automne : le directeur artistique de l'événement pour la musique, Joséphine Markovits, entretient un dialogue constant sous forme d'échange d'idées avec le patron d'Édimbourg, Brian McMaster.

La pièce est conçue pour être donnée dans un grand espace libre ; à Édimbourg, le lieu idéal est le Musée Royal, avec son atrium central et des galeries disposées en étages. McMaster estime que la fantaisie extravagante pour saxophone de Sciarrino devrait séduire les commandos culturels du Festival -  gens d'esprit ouvert prêts à risquer un billet de 5 livres en nocturne pour une expérience vraiment nouvelle.

Sciarrino est né à Palerme en 1947 ; enfant il était un peintre doué, mais a été attiré de plus en plus par la musique. Par ses études et une expérimentation intense, il s'est élevé au rang des compositeurs et professeurs italiens les plus respectés. Comme Luigi Nono, il est conduit par un désir d'innover : sa production embrasse tous les genres et ses pièces de théâtre musical en particulier virent au surréalisme.

Mais pour réaliser "la Bouche, les Pieds, le Son", reste le problème non négligeable de recruter 150 saxophonistes pour se  joindre au Quatuor Xasax. Cette tâche est échue à Josef Pacewicz, clarinettiste principal associé de l'Orchestre Royal et National d’Écosse et professeur d'instruments à vent au RSAMD de Glasgow. "Les premiers 50 ont été assez faciles," dit-il. "J'ai commencé par des élèves et des collègues. Puis j'ai élargi le réseau pour y inclure des professeurs, des musiciens amateurs et quelques musiciens de jazz de Perth et Dundee.

"Les membres du Quatuor Xasax seront placés à des emplacements espacés tout autour du musée," explique-t-il. "Ils jouent environ 20 minutes : c'est de la musique minimaliste - de petits sons courts - et la partition est très détaillée et précise. Alors 'le choeur' de saxophones (sopranos, altos, ténors et barytons) commence une sorte de drone (faux-bourdon) amorphe composé d'effets contrastés ; rien de cela n'est très fort.

"Sciarrino est tout à fait spécifique sur l'ordre dans lequel il veut des choses, mais en fin de compte il cherche un mélange de son. Vous ne devriez pas pouvoir distinguer des voix de saxophone individuelles, du moins pas jusqu'au cortège."

Le cortège est, dans un sens, l'apogée de la pièce - le moment où plus de 150 hommes, femmes et enfants apparaîtront comme des ombres, déchaussés, se déplaçant et jouant au sein du public. Avec autant de sources sonores circulant autour des oreilles, l'effet sera sûrement stupéfiant. La tâche de rassembler le choeur de saxophone échoit à quatre 'managers' recrutés spécifiquement.


"Vers la fin," ajoute Pacewicz, "dans les coulisses les interprètes s'arrêtent et le niveau sonore croît ; à la fin le quatuor est presque à l'unisson. Ils jouent huit accords en blocs répétées, en homorythmie - et s'arrêtent soudainement ."

Pacewicz est enthousiasmé par le projet et pense que les spectateurs l'aprécieront aussi. "J'espère que Sciarrino contribuera à faire mieux connaître les possibilités du saxophone au regard du grand public," déclare-t-il, "et peut-être même à le programmer plus souvent au cours de la partie plus "mainstream" du Festival."


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About the Festivals

The mouth, the feet, the sound 


Wed 25 Aug 2004

The mouth, the feet, the sound


Susan Nickalls

ROYAL MUSEUM


L'idée de voir 150 saxophones jouant dans l'atrium du Musée Royal était clairement une  perspective excitante pour les centaines de personnes qui se sont massées au long des galeries et de l'étage. Cependant, les 30 premières minutes furent un peu décevantes, étant donné que l'on y entendait principalement les quatre instruments solistes.

Placés au milieu de l'atrium, les saxophonistes de l'ensemble XASAX, basé à Paris produisaient une série des bruits subtils qui étaient presque indiscernables des grincements du bâtiment et du son éloigné d’un feu d'artifice.


Compositeur célèbre pour le lyrisme de sa musique électronique, Salvatore Sciarrino a ici opté pour la création à l'aide de moyens acoustiques de ce qu'il aurait pu produire en studio. Le silence joue également une part importante dans la pièce, dont l'écriture est très élaguée. Bien que très minimaliste, l'effet était hypnotique comme si les saxophones flottaient comme des papillons ou jacassaient comme des oies.

Ces sons ont été ensuite repris par les 150 musiciens supplémentaires, qui ont fait une apparition 15 minutes avant la fin, serpentant à travers le public en faisant des bruits percutants occasionnels sur leurs saxophones. Le doux parcours de tous ces pieds supplémentaire donnait encore une autre dimension acoustique au curieux monde sonore du compositeur.


De bien des façons, malgré l'impressionnante mobilisation de forces, ce travail intimiste aurait convenu à un cadre moins spectaculaire pour que les nuances délicates de la musique puissent être appréciées à leur pleine valeur.

Les saxophonistes de XASAX sont techniquement superbes et sont parvenus à jouer sur ces sons éthérés tout en entretenant l’attention et la concentration. Mais en fin de compte, en tant qu'événement musical, ce concert restait assez décevant, donnant le sentiment que beaucoup d'effort avait été dépensé pour un maigre résultat.



Un Conditionnement Classique

Ce qui fait ou ne fait pas venir les jeunes à la musique classique

Cara Bleiman


Le Festival International d’Édimbourg de cette année a vu le retour la série de concert 'Lates' de la Banque populaire d'Écosse, avec tous les billets à 5£, en plus d'une excellente politique de billet à moitié prix pour les moins de 18 ans ou les étudiants. Mais le coût est-il vraiment la barrière la plus grande lorsqu'on souhaite rendre la musique classique accessible aux jeunes ?
(...)

On peut considérer que la performance exceptionnelle du compositeur italien d'avant garde Salvatore Sciarrino 'la Bouche, les Pieds, le Son' - un des projets de la "Royal Bank Lates" -  est une tentative plus osée pour révolutionner le concept de concert classique. Avec une troupe de saxophonistes forte de 150 musiciens - chaque joueur individuel produisant des effets à peine audible - pour accompagner le quatuor de saxophones Xasax, la pièce de Sciarrino sera certainement une expérience unique et excitante tant pour les interprètes que pour le public.
(...)

 

Certains des plus de 130 saxophonistes professionnels et amateurs qui sont sur le point de participer à un moment de magie théâtrale dans  "La Bouche, les Pieds, le Son" de Salvatore Sciarrino. Photo : Raphael Pierre

“Le saxophone, instrument du 3° millénaire” avec XASAX, ensemble de saxophones modulableMusée de Picardie à Amiens le Dimanche 25 mars 2001 : Création Française de “La bocca, i piedi, il suono” de Salvatore Sciarrino Salle principale du Musée de Picardie à Amiens. Quatre solistes (XASAX), quatre lumières bleues autour du public plongé dans l'obscurité. Une musique toute en douceur, silences et résonances. Une écoute qui se concentre sur l'intérieur du son, sa qualité particulière. Le calme s'installe, s'istille dans chaque auditeur.Apparaît la rumeur, indistincte au départ, mais qui s'amplifie peu à peu à l'extérieur de la salle. Comme un élément naturel : pluie, grèle. Et se met à "parler", comme une foule. Et tous ces saxophonistes qui entrent et se répandent dans la salle, apportant chacun une petite lumière, une petite note délicate... Pendant que le quatuor élabore une sorte d'horloge musicale en spirale autour du public, chacun des cent "saxophonistes en mouvement" se mue en véritable soliste pour les quelques personnes qui l'entourent. Au terme d'une grande accélération, tout se fige. Noir. Le voyage insolite en compagnie de XASAX, Sciarrino, des saxophonistes de Picardie et ... du silence, aura duré près de quarante-cinq minutes. Qui s’en est aperçu ?

La Bocca au Musée d’Amiens, 25/03/2001

La Bocca, i piedi, il suono : «... Nous voici plongés dans une aube de sons, des appels se répondent, se croisent distincts et pourtant pas encore libérés des songes nocturnes. Qu’est-ce que le sommeil ? le réveil ? Des formes et des strophes nous posent des énigmes sur le destin de l’être. Un carré de solistes (quatre saxophones altos) sont disposés au centre du public, mais la voix des instruments est méconnaissable. Une magie produite par des techniques inhabituelles, une magie acoustique qui affleure aux limites du silence et se transforme en un espace... Nous entendons soudain résonner dehors, dans une dimension extérieure, des sons d’abord isolés qui se fondent ensuite en un flux. C’est une foule de saxophonistes, une centaine et plus, de toutes dimensions (sopranos, contraltos, ténors et barytons). La vague menace, puis déborde lentement dans l’espace : les instrumentistes entrent, sortent et entrent à nouveau, formant pour l’auditeur un flux continu de pieds, de visages, de bouches. On peut considérer cette oeuvre comme une métaphore sociale et une initiation au naturalisme contemporain. Chaque exécutant apporte en effet son propre son, infime qui a cependant une responsabilité déterminante dans le résultat d’ensemble. Songez au vent qui varie parce qu’il porte le bruissement de chacune des feuilles des arbres de la vallée. Extrême fascination des sons-masses : nuages et vols d’oiseaux, déluge de pluie issu des innombrables clés de saxophone, pulsations, forêt d’appels, silence diapré».

Salvatore Sciarrino

Salvatore Sciarrino : La bocca, i piedi, il suono Ici au Royal Museum d’Edimbourg, lors du Festival 2004.

Sciarrino : La Bocca, i piedi, il suono

Xasax Saxophone Ensemble

Royal Museum, Edinburgh Festival